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 internal flight (Jean)

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Alec Callahan
Alec Callahan
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MessageSujet: internal flight (Jean)   internal flight (Jean) EmptyJeu 27 Sep - 11:08


Il y a quatre ans, Agra, Inde.
♫♫♫


Dépaysement total. Climat différent. Chaud, moite, qui recouvrait son derme d'une deuxième peau gorgée de sueur. L'étouffante sensation d'être piétiné par un soleil si pétulant, qu'il le rendait aveugle. Cet astre si haut, si lointain, hors de sa portée. Abreuvant son âme de ses rayons imbibés d'amertumes, la présence frappante de son incandescence figée sur sa silhouette en ses faisceaux accusateurs. Le regard brûlant, de ces fêlures ardentes, incisée, à travers même sa psyché. Le poids lourd de sac reposant sur son dos, pesant sur ses épaules de son plomb comparable à ce fardeau qu'il avait embarqué dans le peu de ses bagages. Ce monstre qui à présent faisait voyage dans ses terres spirituelles au même rythme que ses pas franchissait d'autres contrées, à l'autre bout du monde. Là. Si loin et si seul. Seul au beau milieu de cette marrée humaine, du bruit de ces klaxons déboulant sur les avenues, toutes ces femmes, tous ces hommes, portant sur leurs peaux des éclats de safrans, miettes solaires rougies, sur leurs étoffes moirées, parés de leurs couleurs chaudes et de leurs bijoux traditionnels. Bindi, piercings, Mehndi, henné tracé à travers la peau en formant des arcs et des arabesques exotiques. Gardiens protecteurs de l'âme, symboles mystiques aux vertus que l'on disais magique. Il aurait du s'en émerveillé, s'en retrouvé subjugué, devant autant d'aussi peu de familiarité, de beauté. Mais même si son corps se retrouvais dans les rues d'Agra, son âme, son cœur, était ailleurs. Encore dans cet avion balayant les cieux de ses ailes marmoréennes. Encore à terre, dans cet appartement bien vide désormais. Dans le creux de bras fermes, son nez niché encore sous le fleuve de cette crinière charbonneuse et ses mains parcourant les dômes de ces voûtes cendreuses, arrondies. Le creux de ses dunes hivernales, la pâleur de cette chair tressautant, les battements irrépressibles de cette chaleur niché contre la sienne. Et le fil rouge de leurs doigts s'imbriquant, destinés. L'amour, aveugle, creusant en son âme comme ces silences dans lesquels ils s'étaient murés. Et sa disparition, son envol, loin. Hors de ces tombeaux froids du quel venait à s'exhumer tous ces démons voraces en quête d'âme à faire claquer sous la pointe acéré de leurs mâchoires insatiables. Et à chacun de ses pas, ses entrailles essorées sous le joug d'une passion évanescente, le vide qui s'était creusé et aujourd'hui, formait des éclats de trous noirs à même son âme, aspirant toutes traces, lueurs, jusqu'à venir les enfermés dans la prise enténébré de cette cage immuable. Les regrets, qui le rongeait, comme autant de fantômes en peine coincé à la lisière inconnus d'ailleurs étranges. Et lui, cette chimère toute en puissance, cette muraille bâtie dans le feu et les braises, son large dos voûté par son sac alors que la cime de ses pas venait à franchir ses allées d'encens, d'épices et d'aliments locaux. Senteurs de voyage, effluve venant à trouver le chemin de ses narines et de ses prunelles avides, déposant leurs lagons bleutés dans chaque coin, recoin. De cette langue que l'on venait à délier au passage de ses grands pas, dont il aimait les sonorités, mais qu'il ne comprenais pas d'un moindre mot. Il souriait, sans vraiment être heureux, ayant perdu la joie, l'étincelle de ses océans de feu depuis que ses pas s'était confronté dans cet ailleurs. Il souriait distraitement, parce qu'il en avait toujours été ainsi, comme une promesse, que jamais ses lippes ne serais de nouveau offerte à la virulence pernicieuse qui avait animé sa fougueuse jeunesse. Et puis il avait soif. Tant soif depuis son arrivée à Agra, son départ de New Delhi. Alors il porta cette gourde à ses lèvres, la fraîcheur tiède du goulot parsemé de son odeur embrasé. Du feu de bois collant à ses cheveux et de la chaleur acharnée collant à son derme tavelé par les lueurs incandescentes du soleil. Et puis... Le bruit d'un carillon lointain. Une voix, un écho brisant la brise lourde. Le roulement de perles s'entrechoquant les unes contre les autres. Et les éclats opalescents, brillant, en des arc-en-ciels polychrome sur des billes translucides. Son regard se leva vers ce rideau de perle, alors qu'il venait à ranger sa bouteille à l'intérieur de son sac. Ses jambes se mouvèrent d'elles-mêmes, son immense carcasse repoussant ce rideau de billes transparentes, avant qu'une odeur forte ne parviennent jusqu'à ses narines. Des encens aux effluves apaisantes, des bouddhas décoratifs et des penderies disposées le long de cette boutique minuscule. Le charme chaleureux de ces étoffes moirées, éclatantes de pigments chauds. Safran, ocre, désert sableux de tissus échancrés. Puis un bruit dans l'arrière boutique. Deux billes sombres, suivies d'épaisses boucles amoncelés au dessus d'un visage aux traits fins, réguliers, pulpeux. « Namaste. » Sa tête se baissa respectueusement et ses mains se joignirent avant qu'elles ne retombent mollement le long de son corps. Il déambula sans vraiment savoir, entre les allées de vêtements, cherchant en vain ce qui serais de convenance pour ce long voyage qu'il s'apprêtais à faire. Puis finalement, il décida de briser la barrière des langues. Bien que cette femme qui se tenait à quelques mètres de lui ne semblait rien avoir d'une indienne. Quelque part, au fond de lui, il y avait cette prière interne, répétant son flot continus de mots chaotiques, de suppliques silencieuses, afin que celle-ci sache parler sa langue familière. « Vous parlez anglais ? » Peu sûr de lui, mais avec cet espoir. Et cette étrangeté lointaine, dans sa voix. Cet écho porteur de ces landes oubliées, gorgées de féeries verdâtres, de château en ruine, là où venait à siffler la mélodie du vent à travers les entrailles de ces carcasses rocheuses meurtries.

@Jean Forman
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